Madame Robert pourrait tout aussi bien être le blaze d’une gironde patronne d’une petite maison close de Pigalle des années 50 que celui de votre voisine du 5ᵉ, pas aimable pour deux ronds, qui vit avec ses trois matous angoras, ou encore celui de votre professeure de maths, un peu retorse, en cinquième.
Madame Robert, c’est aussi une chanson de Nino Ferrer (tiens tiens).
Madame Robert, c'est désormais et avant tout le nom d’un orchestre de Rhythm & Blues généreux, tout droit sorti du Jukebox de ce troquet de quartier où vous alliez vous faire un babyfoot après les cours. On en ressortait en sentant le tabac, mais on s’était bien marré quand même.
Madame Robert, c’est Reuno au chant, que l’on a plus l’habitude d’entendre dans des formations de rock énervé (Lofofora, Mudweiser) que dans un groupe de musique à tambourin façon Edwin Starr.
Il est accompagné de Stef Zen, ex-bassiste de Parabellum, groupe punk phare de la scène française, qui assure aujourd’hui la partie rythmique du Harvest Blues Band. C’est également au sein de cette formation que sévit son pote guitariste Julien Mutis, embarqué lui aussi dans cette folle aventure.
Les claviers sont tenus par Léa Worms, dont la maturité de jeu, à la fois punchy et aérien, semble à l’exact opposé de son âge. Elle officie également avec Gaëlle Buswel, Nina Attal ou Ahmed Mouici.
Fabien Rault, Beuh-Fa pour les intimes, a rejoint l’équipe à l’automne 2022 et relève haut la main le défi qui consistait à remplacer Xa Mesa derrière la drum. Fabien, qui joue également avec le groupe Little Odetta, a su transmettre instantanément à Madame Robert une énergie et un enthousiasme indéniables au service du groove.
Madame Robert, ce n’est pas une réunion de barbouzes venus te taper ton flouze. On a plutôt à faire à un casting de cadors, venu te faire claquer des doigts, taper des pieds et mouiller la chemise. À l’ancienne. Quitte à défriser les rouflaquettes des caves, avec eux pas de nervous breakdown mais des nuits blanches à t’en faire oublier cette béchamel infernale qu’est la vie.
La légende affirme que l’idée de cet orchestre est née autour d’une bonne bière et d’un amour partagé pour la musique de la Stax que Reuno diffusait joyeusement lors d’afters endiablés. Quelques mois plus tard, Madame Robert voyait le jour, avec dans son berceau la truculence d’un Nino Ferrer ou d’un Dutronc. Dès ses premières heures, Madame Robert partait à la recherche du groove ultime en vue de développer sur scène une énergie imparable.
En 2018, le groupe déboule avec son premier album : Comme de Niro. C’est la sublime Divina Boom, leur muse, qui incarne, à la perfection, Madame Robert sur la pochette et dans le clip La Reine de la jungle.
Comme de Niro, c’est 12 tranches de vie servies sur Rhythm & Blues, des ambiances cinématographiques où le fantôme de Michel Audiard se sent comme à la maison. Madame Robert défouraille et dézingue autant qu’elle nous fait marrer, sans jamais nous lâcher. Du travail d’orfèvre.
C’est sur scène que le groupe a pris toute sa dimension. La passion est devenue vocation et le public ne s’y est pas trompé lors d’une tournée d’une cinquantaine de galas avec finish en beauté à la Cigale en compagnie de Vintage Trouble.
Forte de cette expérience et impatiente de jouer la deuxième manche, Madame Robert revient pour taper plus fort, d’abord pour son plaisir mais aussi pour rappeler aux caves que le Rhythm & Blues et la dérision ne sont pas morts.
L’enregistrement à l’ancienne et sans trucage – tout a été fait en live, donnant ainsi aux dix titres de ce nouvel album cette chaleur et ce groove caractéristiques – s’est déroulé au Studio E, à Ecotay l’Olme, dans la Loire, avec Bruno Preynat (Mickey3D, Kent, Parabellum).
Sur la pochette, Divina Boom, égérie du groupe, reprend du service et endosse cette fois le tablier d’une patronne de bar comme on aimerait en voir bien plus souvent !
Un deuxième album qui sort le 12 avril 2024 en CD et en 33 tours.
